Une 4ème place sur la NIJI40 pour Amarris
Gildas Mahé, Tom Dolan et Pep Costa ont franchi la ligne d’arrivée à Marie-Galante ce mardi, après 15 jours, 13 heures et 35 minutes de course. Après avoir réalisé un début de course de haute volée, ils ont dû faire face à une avarie de drisse de grand-voile. Ils se sont donc arrêtés pour réparer aux Açores, ont relevé la tête et tout donné jusqu’à se hisser au pied du podium (4e). De quoi démontrer à nouveau toutes les capacités de ce bateau et le talent de ces trois marins. Avant de se projeter vers la suite de la saison et le retour d’Achille en compétition, débriefing d’une course riche en émotions.
Laurent Voulzy a fait du trajet entre Belle-Ile-en-Mer et Marie-Galante une chanson ; Treize équipages en ont fait une course avec panache, courage et dévotion. Parmi eux, il y avait un trio aussi expérimenté que complémentaire. Gildas Mahé, Tom Dolan et Pep Costa s’élançaient avec l’envie de démontrer la progression d’Amarris, après une 2e place à la Transat Jacques Vabre et un chantier rigoureux cet hiver. Le trio ne s’interdisait rien et encore moins d’évoluer aux avant-postes.
Un sacré début de course
Dès le départ de Belle-Ile-en-Mer, le ton est donné. Amarris fait partie des bateaux de tête. Et à l’issue d’une traversée du Golfe de Gascogne marquée par des conditions virulentes et un passage de front, les trois hommes sont même les premiers à contourner le waypoint situé à la pointe nord-ouest de l’Espagne. « Ça fait plaisir d’arriver là sans avoir de problème, de savoir qu’on est en forme avec le bateau ». Cette première épreuve au large contribue à souder un peu plus l’équipage. Il y a du sérieux et des sourires aussi puisque tous fêtent l’anniversaire de Pep Costa le 9 avril.
À l’unisson, les trois skippers sont tous d’accord pour privilégier une route Ouest alors que quelques concurrents optent pour le Sud, option qui « rallongeait la route et très incertaine » dixit Pep. Tous les voyants étaient au vert donc, jusqu’à ce vendredi 12 avril en fin d’après-midi. Alors en tête de flotte, la pièce qui maintient la drisse de grand-voile vient de céder dans un choc, il faut monter au mât pour réparer, sauf que la mer est trop agitée. À bord, la déception est grande. « On a songé à abandonner », reconnaît Gildas Mahé. Mais ils ne sont pas seuls dans cette épreuve. Les « copains à terre » dont Achille, futur papa, sont là pour remonter le moral et chercher une solution. Une option est envisagée : renvoyer une partie de la grand-voile sur la drisse de spi, se rendre à l’île de Santa Maria, réparer, repartir, tenir bonet remonter le maximum de places.
Une belle réaction d’orgueil
La suite est difficile parce qu’il y a une dépression tropicale très violente à gérer sans casser et que la course « part par devant ». « Mais tant que l’on n’a pas franchi la ligne d’arrivée, rien n’est figé », répète Gildas. Alors, ils s’accrochent. Longtemps 6e, le trio bataille sans relâche et cela finit par payer. Captain Alternance (Keni Piperol, Thomas Jourdren et Lomano Takasi) et Influence 2 (Andrea Fornaro, Alessandro Torresani, Domenico Capparotti) finissent par être dépassés. « On se bat pour conserver cette 4e place », écrit Gildas Mahé samedi dernier.
Au-delà de la bataille pour le classement, l’approche de Marie-Galante permet aussi de vivre de petits instants de bonheur. « Les purs moments de plaisir, ce sont les moments de glisse, quand l’eau court sous l’étrave de ce magnifique bateau », confie Gildas. Et également, l’annonce de la naissance de l’enfant d’Achille qui a été un grand moment à bord. Alors tant pis si le scénario n’a pas été tout à fait celui envisagé, tant pis si les petites contrariétés se multiplient comme les écouteurs de Gildas qui ont rendu l’âme et que sur la fin, certaines envies de la terre – une entrecôte frite et une bonne bière – se font un peu plus ressentir. Fidèle à leur tempérament, Gildas, Tom et Pep ont tenu bon, tout donné et peuvent enfin savourer la douceur de Marie-Galante, fiers de leur traversée.
LES RÉACTIONS À CHAUD
Gildas Mahé : « C’est un peu une délivrance pour nous. C’était une transat difficile en termes de météo et l’escale technique nous a coûté cher. Il y a une petite déception là-dessus, c’est sûr. Surtout pour une pièce de 2 centimètres de long et d’un centimètre de diamètre, quand tout s’arrête pour ça, c’est un peu… Et encore, on pensait que ça s’arrêterait complétement à un moment ! Il fallait déjà trouver une solution pour naviguer le moins lent possible mais on a perdu pas mal de distance. Et après, il fallait s’arrêter et réussir à repasser une drisse dans le mât, jamais simple. C’est un scénario pas drôle, mais c’est un sport mécanique, c’est comme ça, on l’accepte et on est content de la copie que l’on a rendue ! »
Pep Costa : « Je remercie Gildas de m’avoir embarqué, et naviguer avec Tom, c’était parfait ! Sur un super bateau en plus : Amarris, il est génial. Il n’y avait rien à faire. On a essayé de naviguer le plus proprement possible. Gildas était vraiment là pour gérer les choses et on a essayé de suivre au mieux possible. Évidemment, on est un peu déçus de l’escale qu’on a dû faire, mais c’est le sport et on n’a jamais rien lâché. On savait qu’il y avait toujours des trucs à aller chercher et je suis fier d’avoir pu faire cette remontée avec eux deux. Je ressors de cette situation beaucoup plus fort ! »
Tom Dolan : « Il y avait trois générations à bord au final, un vingtenaire, un trentenaire et quadragénaire. C’était un mix assez beau. Et un catalan, un breton et un irlandais ! Comme quoi, la course au large est internationale ! Il y a eu quelques échanges drôles à bord avec tous types d’accents. »
LE REGARD D’ACHILLE NEBOUT
« Je tiens sincèrement à féliciter et remercier Gildas, Pep et Tom. Je suis très fier de leur parcours, de ce qu’ils ont accompli. Certes, cela n’a pas toujours été simple, il y a eu des petites contrariétés, un gros coup dur et j’étais déçu et désolé pour eux… Mais ils ont toujourssu bien réagir en restant super motivés et signent une belle 4e place. Visiblement, le bateau est en très bon état à l’issue de la course et ça faisait partie des objectifs importants pour la suite de la saison. Ils ont réussi une belle remontada en fin de course, ça fait toujours plaisir ! Nous n’avons pas encore eu le temps de débriefer des performances du bateau mais j’ai l’impression qu’ils en sont contents. En tout cas, ils avaient l’air à l’aise dès qu’ils étaient au contact d’un autre bateau. Leur retour d’expérience sera précieux, notamment concernant le portant dans le vent fort qu’ils ont dû affronter. Désormais, Pep et Tom vont vite rentrer en France pour disputer une course en Figaro dès la semaine prochaine. Loïc et Gildas vont préparer le bateau et début mai, ce sera l’heure du grand convoyage jusqu’à Québec afin d’être prêt pour la Transat Québec – Saint-Malo fin juin ! »
LEUR COURSE EN CHIFFRE
Horaire d’arrivée : 2 h 35 min 10 sec (heure française)
Temps de course : 15 j, 13h 35min, 10 sec
Écart avec le premier : 17 h, 28 min 42 sec
Écart avec le précédent. 6 h, 31 min, 02 sec
Distance sur l’orthodromie : 3 514,8 milles
Distance sur le fond : 4 065,5 milles
Vitesse moyenne (sur le fond) : 10,9 nœuds