Achille Nebout, l’appel du large
Les embruns ont bercé l’enfant qu’il était, les courses océaniques ont nourri son imaginaire, l’olympisme a façonné le marin qu’il est devenu. Ainsi est Achille Nebout, le trentenaire pour qui la mer a toujours été le décor de sa vie, de ses rêves d’avant aux challenges du moment. À l’origine, c’est une passion paternelle, les sorties en famille depuis la Grande-Motte, les vacances aux Antilles, l’amitié avec Kito de Pavant, convoyeur d’avant et skipper ensuite. Jeune, l’Héraultais joue au foot, pratique l’escalade. Une blessure de croissance au talon – « une blague quand on s’appelle Achille », sourit-il encore – le pousse vers le club de voile de Carnon. Il rythmera le quotidien de son enfance et de son adolescence, au collègue et au lycée en Optimist puis en 420. À l’INSA Lyon, école d’ingénieur pour tête bien faite, il se rend chaque week-end à Marseille au Pôle France. Achille mène tout de front : les études et le rêve olympique, se découvrant une sacrée capacité de résistance et d’abnégation.
La suite, c’est le temps de la découverte. Il se transforme en touche-à-tout, remporte le championnat de France espoir de match racing (2014), dispute les championnats d’Europe de J70 (2015), participe au Tour Voile en Diam 24 (de 2016 à 2019) et devient même champion du monde de SB20 en Australie (2018). Puis, place à l’école du large, le Figaro. Il débute quand le Figaro 3 est intronisé comme nouveau support, l’année où les stars de la course au large reviennent, de Michel Desjoyeaux à Jérémie Beyou. Achille s’aguerrit aux côtés de Xavier Macaire, un apprentissage à haute intensité « aussi passionnant qu’enrichissant ». Le plateau de chaque course « est complétement dingue », ses débuts sont remarqués : 3e de la Sardinha Cup en double, il remporte une étape de la Solo Maître Coq, devance Armel Le Cléac’h, et les regards curieux se tournent vers ce petit nouveau à qui rien ne résiste.
Pourtant, les obstacles sont là où il ne s’y attend pas. La Solitaire du Figaro et sa dureté lui résistent (37e pour sa 1ère participation), la sélection Macif lui échappe avec un peu d’incompréhension. Heureusement, l’espoir est toujours aussi tenace. Il se niche dans une Transat Jacques Vabre à ne rien lâcher avec l’ami Kito de Pavant (7e en 2019), s’électrise de sa rencontre avec Éléonore Villers qui sera désormais de tous ses combats. Déjà dix ans qu’Achille a dédié sa vie à la voile de compétition.
À l’aise, dans la tête et sur le pont
Les confinements poussent à s’interroger sur ses choix, il s’amuse à découvrir de nouveaux univers et se plait à tisser des projets avec le musicien French79 (Simon Henner, 2020) et avec le street-artist Noto (2021). Le Vendée Globe « en mode confiné » est aussi l’occasion de démontrer ses talents sur Virtual Regatta : il ne se voyait pas faire autre chose à ce moment-là. Achille termine 72e, 1er skipper certifié et obtient le soutien du cabinet d’expertise comptable Amarris qui apprécie sa ténacité.
Une carrière est un puzzle de challenges et d’expériences. À l’aise dans la tête et sur le pont, Achille peut dès lors poursuivre sa progression. Il se hisse régulièrement dans le ‘top 10’ des courses en Figaro, obtient une 5e place à la Transat Jacques Vabre avec Luke Berry (5e, 2021) et finit par faire sauter le plafond de verre à la ‘Solitaire’ où il termine 3e l’été dernier. La suite est déjà toute tracée, en Class40, à bord de l’ex-Paprec Arkea qui a permis à Yoann Richomme de s’imposer à la Route du Rhum. Plus que jamais, la montée en puissance se poursuit et aiguise les appétits de ce fils de l’océan prêt à transmettre à nouveau les plus belles des émotions.