Amarris, 4ème de la Transat Café L’Or, au bout de l’envie !

Achille Nebout et Gildas Mahé ont bouclé la transatlantique en double au pied du podium après 17 jours et 3 heures de compétition. Les deux hommes n’ont pas démérité au fil de cette course si exigeante, eux qui avaient opté pour une route sud, l’option prise également par les vainqueurs. Forte de cette nouvelle expérience, enrichissante à tous les points de vue, l’équipe Amarris va désormais se projeter sur la suite avec la Route du Rhum en ligne de mire en fin d’année prochaine.

Ils sont allés au bout d’une sacrée aventure, d’une course où rien ne s’est vraiment passé comme prévu et d’un feuilleton qui a passionné les amateurs de course au large. Achille Nebout et Gildas Mahé ont participé à ce grand show avec l’océan Atlantique et ses turpitudes pour décor. Le fait d’en faire partie avait déjà été un exploit : au printemps dernier, le duo d’Amarris démâtait lors de la CIC Normandy Channel Race. Il a fallu alors redéfinir la saison et se fixer de nouveaux challenges. Ils y sont parvenus avec talent en brillant en IRC cet été : le binôme a remporté la Cowes-Dinard, Achille a terminé 3e de la Rolex Fastnet Race et champion d’Europe. De quoi patienter avant le retour aux affaires en Class40 avec un mât neuf livré en septembre.
Un début de course dans le bon tempo 

Depuis, Achille et Gildas ont progressivement retrouvé leurs automatismes et les deux hommes étaient régulièrement cités comme des candidats à la victoire lors de cette Transat Café L’Or. Les résultats plaidaient pour eux : depuis la dernière édition terminée à la 2e place, ils ont réalisé une saison 2024 exceptionnelle en remportant la mythique Transat Québec – Saint-Malo puis la Med Max Occitanie – Saidia Resorts.

Leur expérience et leur savoir-faire aux avant-postes ont beaucoup compté au fil de cette transatlantique à nul autre pareil. Dès le départ, malgré les conditions difficiles dans la Manche, ils ont su trouver le bon compromis pour rester dans le bon tempo tout en ménageant le bateau. À leur arrivée à La Corogne – étape rendue nécessaire à cause du passage d’une forte dépression sur la façade atlantique – ils sont 3ème à moins d’une heure de leurs deux prédécesseurs (SNSM Faites un don ! et Seafrigo-Sogestran). « Tout reste à faire », disait Achille avec enthousiasme à son arrivée en Galice.

Une 2e étape particulièrement éprouvante

À la reprise de la course pour la 2e étape jusqu’à Fort-de-France, le niveau de difficulté monte d’un cran. La mer est formée dès la reprise, le duo doit composer avec un vent moyen de 40 nœuds pendant deux nuits consécutives. Dans la première, le bateau se couche dans un grain, heureusement sans dommage. Au cours de la seconde, une cloison est fissurée et l’aérien de spare s’arrache. « C’est la nuit la plus violente que j’aie passée à bord d’un bateau à voile », témoigne alors Achille. Heureusement, les conditions s’améliorent, le spi est enfin déployé et surtout la stratégie est tranchée : Achille et Gildas ont opté pour la route Sud.

Sur le papier, cette route apparaît alors plus longue mais moins chaotique, un choix qui s’avérera payant puisque le vainqueur, Sogestran-Seafrigo, a pris une décision similaire. Vient ensuite le temps des alizés, du ciel dégagé et des longs surfs sur l’océan. Pourtant, rien n’est facile. Les deux skippers doivent toujours composer avec des petits soucis techniques. Le bateau est soumis à rude épreuve, les corps aussi : Achille souffre d’une aura migraineuse qui le contraint à rester dans la bannette. « Je n’arrivais plus à trouver mes mots, à parler, à bouger mes mains, explique-t-il alors. J’avais des fourmillements partout et un très gros mal de crâne ». Alors, le marin s’est longtemps reposé – « un jour entier dans ma grotte », dit-il – pendant que Gildas est resté à la barre.

Une fin de course haletante jusqu’au bout

Malgré les épreuves, la longueur de la course, les empannages constants, les alizés mollissants ou encore les sargasses, les deux hommes tiennent bon. Jeudi dernier, ils n’ont plus que 1000 milles à parcourir ; dimanche, ils dépassent les trois semaines de compétition ; lundi ils entrevoient la côte martiniquaise. Et jusqu’au bout, Achille et Gildas s’accrochent. Alors que le podium est connu depuis ce lundi, Amarris fait partie d’un groupe de sept bateaux qui se disputent les places d’honneur. Au cours de cette bataille finale, qui implique le contournement de la Martinique, Achille et Gildas bataillent sans discontinuer.

Ils sont d’ailleurs récompensés de leurs efforts car ils empochent la 3e place du groupe des poursuivants et, au cumulé des deux étapes, terminent 4e de la Transat Café L’Or après 17 jours et 3 heures d’un combat de chaque instant. Cette prestation récompense leur ténacité face aux difficultés et leur régularité, eux qui ont été constamment aux avant-postes des courses qu’ils ont disputées. Surtout, elle permet d’aborder la suite avec une sacrée motivation. En ligne de mire, il y a l’un des rendez-vous les plus attendus depuis le début du projet : la Route du Rhum 2026, la course la plus prestigieuse du calendrier de Class40. Achille la disputera seul mais riche de ses années d’expérience et de complicité qu’il a partagées avec Gildas et avec le soutien constant de ses partenaires.

LEUR COURSE EN CHIFFRES 

Heure d’arrivée (locale) : 10 h 48 min
Heure d’arrivée (en métropole) : 16 h 48
Temps de course total : 17 jours 3 heures 48 min 1 sec
Écart avec le premier : 19 heures 50 min 18 sec
Distance parcourue : 5 084,05 milles
Vitesse moyenne (réelle) : 12,35 nœuds
Vitesse moyenne (sur l’orthodromie) : 7,82 nœuds

L’ANALYSE D’ACHILLE

Le ressenti. « Nous sommes super contents d’arriver d’autant que la course était longue, dure et franchement éprouvante. Jusqu’au bout, jusqu’à la dernière heure de course dans le dévent de la Martinique, ça n’a pas été facile. Au vu du degré de difficulté, on est très heureux de terminer quatrième et de n’avoir jamais rien lâché. Les trois premiers ont été meilleurs et méritent leur place. Mais on est satisfait d’être allé au bout de nous-même ».

Le bilan. « Ça a été une saison compliquée avec le démâtage au printemps. On l’a senti au début des deux étapes où j’étais sur la réserve pour préserver le bateau. J’ai eu du mal à rentrer dans la course à cause de cette appréhension permanente de la casse. Mais avec Gildas, on a su revenir aux fondamentaux et naviguer en bon marin. Il y a eu les problèmes techniques, mon petit souci de santé, les conditions changeantes… On s’est adapté en permanence en restant soudé. Et puis on a fait les bons choix puisque c’est l’option Sud qui s’est avérée la plus pertinente ! » 

L’apprentissage en continu. « J’ai eu l’impression de beaucoup apprendre cette saison. Je sais que je dois veiller à ce que tout ce qui entoure le projet – la gestion de l’équipe, des partenaires, l’organisation – n’influe pas sur ma façon de naviguer. Cette année m’a permis de progresser en la matière. J’avais vraiment à cœur qu’on aille au bout de cette course pour montrer qu’on sait faire face quand on traverse des épreuves. Maintenant, je sais qu’il faudra le même niveau d’engagement en solitaire, dans un an à la Route du Rhum. Mais avec tous ceux qui soutiennent le projet, je sais qu’on peut relever le défi. »   

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