NIJI40 : le trio ne lâche rien !

« Ils vont perdre un peu de terrain mais la course est encore longue »

En tête après avoir dépassé le Cap Finisterre, l’équipage composé de Gildas Mahé, Tom Dolan et Pep Costa continue de jouer les premiers rôles. À l’issue d’une traversée du golfe de Gascogne éprouvante et une option nord audacieuse, le trio a tenu bon aux avant-postes. Pourtant jeudi soir, ils ont dû faire face à une avarie, la casse d’une pièce qui maintient la drisse de grand-voile, ce qui va ralentir leur progression. Il n’empêche, tous restent extrêmement motivés. État des lieux.

Gildas Mahé avait annoncé la couleur avant le départ : « maintenant que nous avons une connaissance plus fine du bateau, l’objectif, c’est d’être le plus ambitieux possible ». Le chantier cet hiver, le travail préparatoire avec Achille Nebout, le renfort de Tom Dolan et Pep Costa participaient ainsi à pouvoir être à la hauteur de cet objectif. La première transatlantique de la saison s’annonçait particulièrement disputée, d’autant que « l’on sait que les conditions pouvaient être potentiellement difficiles avant d’atteindre l’alizée » précisait Gildas et cela s’est d’ailleurs tout de suite vérifié.

Une traversée du Golfe de Gascogne maîtrisée

Après un départ sous le soleil, place à une traversée du Golfe de Gascogne particulièrement rude. « Dès la première nuit, le vent a commencé à rentrer, raconte Pep Costa, ce qui nous a obligé à gérer le passage d’un front assez fort. Il y avait beaucoup de vent et beaucoup de mer ». Pour éviter le plus fort de la dépression, la direction de course avait placé un waypoint au nord de l’Espagne. « Ça nous a fait plaisir de le passer sans avoir de problème, de savoir que le bateau et nous étions toujours en forme ».

L’équipage d’Amarris a donc réussi à passer sans encombre cette première péripétie et d’une sacrée manière puisque le trio s’est retrouvé en tête de la flotte. Dans le même temps, ils ont pris quelques minutes pour fêter l’anniversaire de Pep Costa à bord avant de se projeter sur la suite. « Achille nous avait préparé des surprises avec des bonbons. On a tous fêté ça, on a bien rigolé… C’était que du plaisir ! »

L’option Nord, « un choix évident »

Du plaisir qui se perçoit aussi à travers l’entente entre les trois skippers. « Ça se passe vraiment très bien à bord, poursuit le skipper espagnol. On se relaie dans des quarts de deux heures : deux heures ‘actif’, deux heures de stand-by, deux heures de pause. On échange beaucoup pour prendre les décisions le mieux possible : nous sommes tous complémentaires, c’est hyper important ».

Ils ont donc décidé, ensemble, de prendre une option légèrement plus nord que l’ensemble de leurs rivaux. « Pour moi, c’était un choix évident qu’on assume, souligne Pep. Le Sud rallongeait beaucoup la route. Là, il y a du près, c’est humide mais ça permet d’être le plus efficace ». Dans la journée d’hier, Amarris était toujours à la lutte pour la première place avec l’équipage d’Acrobatica.

L’avarie et la remobilisation

À l’issue de cette nuit de jeudi à vendredi, il a fallu composer avec « un petit front qui apporte du vent faible et une rotation de pour faire cap au sud ». Pep précise : « on se prépare à faire du portant dans de la brise à l’approche des Açores. L’enjeu, ça va être de négocier une dépression située au sud-ouest des Açores ». Le skipper avait hâte d’« envoyer le spi » et « se rapprocher de températures un peu plus élevées ».

Pourtant jeudi, vers 19h30, le trio a informé Achille que la pièce qui maintient la drisse de grand-voile avait cédé, ralentissant forcément leur progression. « On a réfléchi à une solution, explique Achille Nebout, en contact avec eux. La mer était formée, ça ne facilitait rien. Ils ont quand même réussi à renvoyer une partie de la grand-voile (avec un ris) et cela leur permet de continuer leur route jusqu’à Santa Maria aux Açores ». Pour la suite, deux options sont sur la table. « Soit s’arrêter à Santa Maria afin de réparer sérieusement avant la grosse dépression de dimanche, ce qui semble le plus probable, soit parvenir à monter au mât dès que le vent se calme aujourd’hui ou demain ». Forcément, la nouvelle a atteint le moral mais les trois marins se sont vite remobilisés et restent extrêmement motivés. Ils restent dans le match, savent que les rebondissements sont toujours nombreux en course au large et qu’il va se passer pleins de choses jusqu’à l’arrivée. Affaire à suivre !

LE REGARD D’ACHILLE NEBOUT

« Depuis le début, ils ont fait un super parcours, une super trajectoire et étaient toujours rapides. Ils ont su bien gérer le vent fort au début dans les 48 premières heures. Le bateau est resté en bon état et Gildas, Pep et Tom ont rapidement trouvé leur rythme à bord. La mésaventure d’hier, c’est forcément un moment dur. Même si on vérifie régulièrement ce type de pièce, ce n’est pas facile d’en connaître l’usure à l’œil et c’est un peu un casse aléatoire… Cela fait partie des aléas et des incertitudes de nos sports mécaniques. Mais l’essentiel, c’est qu’ils aient réussi à se remotiver, à renvoyer un peu la grand-voile. Ils vont perdre un peu de terrain mais la course est encore très longue. Il y a possibilité de réparer, de retrouver un bateau à 100% de ses capacités et de faire une belle course. Je suis fier de la manière dont ils ont réagi ! ».

Les autres actualités