« Rien n’est figé dans le marbre »
L’avarie de drisse de grand-voile subie en fin de semaine dernière a obligé Gildas Mahé, Tom Dolan et Pep Costa à s’arrêter quelques heures aux Açores afin de réparer. S’ils ont dû traverser une dépression virulente à leur retour en course, ils se sont accrochés, conscients que la route est encore longue et qu’il reste encore beaucoup à faire. Alors qu’ils pointent à la 6e place après 10 jours de course, Gildas Mahé raconte.
Forcément, cela a été un coup dur. Il y a de la frustration que ça tombe au moment où le trio pointait aux avant-postes et avait réussi un début de course de haute volée. La pièce qui maintient la drisse a donc cédé et l’avarie entraîne forcément déception et crise de nerf. « Il fallait monter au mât mais il y avait pas mal de mer, on ne savait pas quand on pourrait y arriver. On a même songé à l’abandon », confie Gildas. Dans ces moments-là, le regard « de l’équipe et des potes à terre » a été précieux. « Il y a possibilité de réparer, puis de retrouver un bateau à 100% de ses capacités », assurait ainsi Achille Nebout qui suit leur progression depuis la terre.
Une escale et ça repart
Amarris prend alors la direction des Açores et de l’île de Santa Maria. Attaché à perdre le moins de temps possible, le trio tente de rester dans la baie (un arrêt au port doit être de 4 heures minimum). « On a essayé de mouiller dans la baie mais les conditions étaient trop fortes, précise Gildas. L’encre était en train de rompre, on a préféré s’arrêter au port ». La réparation est rapide, les trois hommes attendent les quatre heures réglementaires et repartent.
La suite, c’est une dépression à traverser obligeant un sacré niveau d’engagement. « Il fallait enrouler la dépression tout en sachant que ça allait creuser les écarts, que ça partirait par l’avant ». Fatalement, l’écart se creuse avec la tête de course. Alors qu’ils pointaient à une dizaine de milles juste après l’avarie, ils en comptent plus d’une centaine au moment de repartir. Mais l’objectif prioritaire de préserver le matériel a été rempli, et c’est avec un bateau à 100% de son potentiel que le trio aborde la dernière portion du parcours.
« Rien n’est figé dans le marbre ! »
C’est dans ce genre de moment qu’il faut puiser en soit les motivations pour avancer, pour relever la tête, pour batailler. Gildas, Tom et Pep sont le genre de marins qui ne lâchent rien, qui savent qu’il faut s’accrocher jusqu’au bout, sans jamais rien lâcher. Certes, l’écart reste conséquent – 180 milles ce jeudi à midi – mais les motifs d’espoir ne sont jamais loin. L’équipage peut d’ailleurs logiquement revenir à la 4e place et ne s’interdit rien jusqu’à l’arrivée.
Gildas en parle comme un vieux sage : « il y a un passage de dorsale très molle, des dépressions tropicales naissantes sur les Antilles, les bateaux ont subi des dommages depuis le départ… Tant qu’on n’a pas passé la ligne d’arrivée, rien n’est figé dans le marbre ! » Après avoir passé la mi-parcours, il en reste du chemin, en effet, pour connaître le dénouement de cette course et pouvoir savourer les joies de l’arrivée à Marie-Galante.
LE REGARD D’ACHILLE NEBOUT
« L’enjeu, ça a été de gérer cette casse, la réparer efficacement et pouvoir repartir. Forcément, ça a été un coup dur à bord, d’autant que la météo n’a pas été simple en repartant avec cette grosse dépression à traverser. Cela a été stressant à vivre à distance mais ils ont trouvé le bon curseur pour naviguer ‘safe’ et poursuivre leur progression. Là, on voit qu’ils remontent milles après milles avec la 4e place en ligne de mire. Les conditions se sont calmées, c‘est un autre style de navigation. Il peut se passer encore beaucoup de choses et je suis sûr qu’ils sauront saisir les opportunités si elles se présentent ! »
Par le biais de cette newsletter, toute l’équipe Amarris tient à adresser ses plus beaux vœux de bonheur à Eleonore, Achille et la petite Galla née ce mercredi.